Le Mur

La ligne côtière de défense du Nord-Médoc présente des caractéristiques similaires aux autres secteurs du mur de l'Atlantique : une succession de points fortifiés, codifiés et numérotés du nord au sud, qui s'égrènent sur le cordon dunaire et sont séparés de quelques centaines de mètres à près de deux kilomètres.
Des obstacles de plage peuvent compléter le dispositif et l'arrière des positions est protégé par des champs de mines. 


Carte des points fortifiés constituant la ligne de défense côtière.

Les positions de défense peuvent être de deux types : 
  • Le "point d'appui" (Stützpunkt) qui regroupe un certain nombre d'ouvrages fortifiés et lourdement armés. Il est destiné à la protection d'un secteur de la côte défini comme étant stratégique et doit interdire toute approche des troupes alliées, côté océan.
  • Le "nid de résistance" (Wiederstandsnest) regroupe lui aussi des ouvrages fortifiés, mais sur un secteur côtier intermédiaire. Son rôle est de contrer une tentative de débarquement et son armement est généralement de calibres et de portées inférieurs.

De rares exceptions mises à part, les ouvrages en béton armé constituant ces positions de défense sont construits à partir de plans types, élaborés et référencés pour les programmes de construction du réseau défensif s'étendant du nord de la Norvège à la frontière franco-espagnole. Ce sont donc des constructions normalisées (Regelbauten) dont la standardisation va jusque dans les équipements des ouvrages eux-mêmes (portes, circuits de ventilation, chauffage, etc...). 
Le secteur codé "Gi sud" (Gi300 à Gi353) n'a pas échappé à cette règle et tous les ouvrages que nous avons inventoriés sur la ligne de côte océane sont, en majeure partie, conformes aux plans normalisés. Certains abris dits "légers" tels que les abris du type "tôle métro" (HWB), les abris sanitaires et autres structures spécifiques non fortifiées ne sont pas concernés par la normalisation de construction.

Par convention, nous répartirons en cinq groupes les ouvrages étudiés sur le secteur :
  • Les casemates qui sont des ouvrages du type "Ständig" (permanent) en béton armé destinés à abriter une pièce d'artillerie, et dotés d'une épaisseur de béton minimum de 2 mètres (murs et toit). Leur plan intègre une chambre de tir avec embrasure et, suivant le modèle, une partie soute à munitions. 
  • Les bunkers qui sont des abris du type "Ständig" (permanent), réalisés en béton armé et dotés d'une épaisseur de béton minimum de 2 mètres (murs et toit), mais dont la destination est toute autre : abri pour personnel, poste de commandement, soute, abri puits, réserve, etc... 
  • Les autres abris... Cette catégorie comprend les abris réalisés d'après des plans normalisés mais dont le renforcement de la construction est inférieur en raison de leur destination (exemple : abri pour citerne à eau), ou ceux classés comme "Verstärkt Feldmäßig" ( "fortifié" "de campagne"), double qualificatif désignant un ouvrage non classé Ständig mais disposant de murs renforcés d'un mètre d'épaisseur.   
  • Les Ringstände et emplacements de tir...  Nous classons dans cette catégorie toutes les structures servant de support pour une pièce d'artillerie ou une mitrailleuse. Ce groupe comprend les plateformes de tir, les cuves d'artillerie, les cuves de DCA (Flak), les tobrouks, etc...
  • Les supports et cuves radars. Cette catégorie regroupe les structures réalisées pour supporter ou abriter un matériel de détection, guidage de chasse, conduite de tir...  
Hormis de rares cas (configuration particulière de terrain), les casemates et les bunkers de plan type, recensés et étudiés jusqu'à présent par notre groupe, correspondent à la classe B (Baustärke B), en matière de protection, c'est-à-dire qu'ils sont dotés d'un toit et de murs de deux mètres d'épaisseur de béton armé pour résister à des tirs directs... selon les critères pris en compte à l'époque.