Préservation d'un support Gerät 974 S7 pour mortier de 8 cm

Un support rotatif pour mortier sort du sable, et de l'oubli...

Avec l'érosion subie par nos côtes, des ouvrages initialement situés sur le plateau dunaire se retrouvent progressivement "déplacés" en pied de dune puis sur l'estran. Ce phénomène naturel découvre, ensable, redécouvre et "lessive" ces ouvrages au gré des marées et de leurs coefficients.
Informé par un promeneur qu'un support de mortier avait ainsi été découvert dans un ringstand sur la plage du Gurp nord, notre groupe est intervenu pour une première expertise...
Placé dans un ouvrage de type Regelbau 207 (voir la fiche Typologie), ce support bien qu'étant très corrodé présente un intérêt puisqu'il est pratiquement complet, d'une part, et que la grande majorité de ce type de matériels a aujourd'hui disparu car démonté après-guerre par les récupérateurs de métaux. L'exemplaire en question est un modèle Gerät 974 S7 employé comme support de mortier de 8 cm Granatwerfer 34 (Gr.W.34), armement fabriqué en très grand nombre et largement employé sur le mur de l'Atlantique.


Le local de combat est ensablé jusqu'au niveau supérieur de son plot central en béton et la totalité du support en est désolidarisée. Une extraction paraît donc possible mais un engin de levage s'avère indispensable en raison du poids de ce matériel et de sa manipulation rendue délicate par l'exiguïté de l'espace de travail...

Avec l'autorisation du maire de la commune et l'assistance du service technique, la matériel a pu être sorti sans dommages et mis en dépôt à l'abri de l'érosion côtière.


Au vu de la photo de gauche, on comprend mieux pourquoi ce support de mortier s'était trouvé déplacé, à l'intérieur du local de combat et déporté par rapport au plot central :
La partie visible comprenant une croix et un axe est en fait la partie inférieure, autrement dit l'élément fixe qui était scellé sur le plot central en béton. La corrosion a solidarisé la partie fixe et la partie supérieure rotative et c'est cet ensemble qui s'est ainsi détaché de l'ouvrage. 


Le cadre métallique boulonné sur la partie rotative sert de support au bipied du mortier qui est fixé sur les éléments en bois (photo1) qui y sont intégrés. Aux deux extrémités, un patin en métal renforce les parties de ce cadre qui reposent sur la bordure circulaire en béton à l'intérieur du ringstand (photo2). 
Toujours sur la partie rotative, la plaque verticale à l'arrière permet le calage du socle de la pièce d'artillerie. Deux pattes de serrage articulées complètent le maintien de l'armement sur son support (photo3)


Photo 1
Photo 2

Photo 3

Nous remercions M. Serge Laporte, maire de Grayan-L'Hôpital et les agents du service technique pour nous avoir offert la possibilité de préserver ce matériel, devenu rare sur le terrain et absent des collections archéologiques.